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Thèse présentée à Faculté
des Sciences de l'Université de Paris
pour obtenir le grade de
Docteur es Sciences naturelles
par ¶
Gildas Beauchesne
Recherches sur les
substances de croissance du maïs immature. Séparation de ces substances en
trois groupes et isolement d'une "purine active" à partir de l'un de
ces groupes
soutenue le 27 juin 1961
devant la commission
d'examen :
Chouard, président
Le but de ce
travail est d'étudier le contenu de l'extrait laiteux du caryopse de
Maïs immature, considéré en tant que facteur complexe de croissance.
Les
investigations que cette entreprise nécessite reposent sur la culture
«in vitro» des tissus végétaux. Cette technique met, à la disposition de la
recherche, un moyen d'investigation éprouvé pour explorer le domaine
complexe des substances de croissance (GAUTHERET, 1959).
Il existe
d'autres types d'essais biologiques, comme le test Avoine de WENT
et tous ceux qui en dérivent. Il a été parfois nécessaire d'y recourir. Mais il
ne semble pas qu'ils puissent fournir autant de données et de sécurité dans
le domaine d'exploitation envisagé que la culture «in vitro» de tissus ou d'organes
végétaux, car ce sont seulement des tests de croissance par élongation,
alors que
les cultures de tissus végétaux donnent des réponses de grandissement
cellulaire (auxésis) et de division cellulaire (mérésis).
L'inventaire
des travaux effectués pour déceler, isoler et caractériser les substances de
croissance présentes dans les extraits naturels, montre que la culture des tissus
végétaux est souvent à la base de ces recherches depuis la mise au point de celle
technique.
I1 fut une
époque où la culture de tissus ou d'organes végétaux paraissait
impossible ; toutes les tentatives échouaient. Cependant, ROBBINS en
1922, cultivant des méristèmes radiculaires en ajoutant un autolysat de levure
au milieu de culture, obtient, pour la première fois, la multiplication des
cellules de ces méristèmes.
S'inspirant de
cette technique WHITE, à l'aide d'un milieu contenant également un autolysat de
levure, réalise la culture indéfinie de racines de tomates (1934).
Les difficultés
contre lesquelles s'étaient brisées foules les tentalives précédentes
s'atténuèrent du même coup. En 1939, la technique de culture indéfinie «in
vitro» de tissus ou d'organes végétaux était définitivement mise au point par WHITE, par
GAUTHERET, par NOBECOURT. Elle pouvait désormais servir d'instrument à l'étude
des substances de croissance.
Le présent
travail sur les substances de croissance contenues dans l'albumen
laiteux de caryopse de Maïs immature, que l'on appellera ici en abrégé lait de
Maïs, prend ainsi sa place parmi les nombreux autres travaux similaires.
Il est aisé de mettre en évidence la
stimulation de croissance due au lait de Maïs. Mais il est beaucoup plus difficile
de déterminer les substances responsables de l'activité de cet extrait brut.
Avant
tout, il fallait résoudre les trois questions suivantes :
1°
La stimulation de croissance provoquée par le lait de Maïs est-elle
due aux seules auxines dont le type est l'acide indole acétique ?
2°
Quel rôle attribuer aux acides aminés certainement présents dans ce lait
embryonnaire ?
3°
Peut-elle être la résultante de l'action de plusieurs substances ?
La
réponse à ces trois questions constitue la première étape de cette
recherche. Il importe de choisir les tissus végétaux qui serviront à
éprouver l'activité du lait de Maïs. Ce choix n'est pas fait, a
priori, avant même que la recherche n'ait été engagée. Il est le fruit
de l'évolution de la recherche elle-même. Au tissu de Carotte,
utilisé dès le début, fut adjoint très tôt le tissu de tubercule de
Topinambour. Ce n'est que beaucoup plus tard que le tissu de
moelle de Tabac sera introduit comme essai biologique. Topinambour
et Tabac ont été choisis à cause de la relative spécificité de leur réponse
aux substances de croissance. Les résultats obtenus avec
ces différents tissus cultivés sur un milieu contenant du lait de
Maïs sont comparés à ceux que donnent les mêmes tissus
cultivés seulement en présence d'acide indolacétique (AIA).
Ainsi
quelques indices préliminaires sur les substances de croissance du
lait de Maïs sont recueillis.
Le
lait de Maïs est ensuite soumis à différentes tentatives de fractionnement
par des procédés physiques ou chimiques.
Par
là sont acquises des précisions qui permettent de faire un choix
entre des techniques possibles, soit pour le fractionnement du lait de
Maïs, soit pour la préparation des milieux de culture.
Dans
une seconde partie est mise au point une technique utilisant les échangeurs
d'ions pour la séparation des divers consti-tuants du lait de Maïs.
Ces
constituants se trouvent répartis par ce procédé en trois groupes
chimiquement différents, actifs sur la croissance des tissus végétaux.
L'analyse des
constituants de chaque groupe reste à. faire
Deux de ces groupes retiennent
particulièrement l'attention. La stimulation de croissance qu'ils
manifestent ne peut être due à des auxines acides ni à des esters de ces corps à l'état
libre.
Toutefois, il
se montre nécessaire d'apporter une modification et de faire une mise au point
de la technique initiale de frac-tionnement sur échangeurs d'ions.
Il fallait empêcher certains
changements dans les propriétés physiques du milieu d'échange, qui pouvaient être
dommageables pour les substances actives du lait de Maïs.
En conclusion de cette seconde
partie, il est donné un aperçu des techniques de fractionnement utilisées par d'autres
chercheurs dans le domaine des laits embryonnaires.
La troisième
partie expose l'étude des fractions neutre et basique.
L'analyse du groupe «neutre» est
faite sommairement. La dialyse et la chromatographie suivie d'un test
d'élongation, forment l'essentiel des techniques utilisées dans ce cas. Il faut
noter également un essai de fractionnement sur échangeurs basiques forts.
Le groupe basique est au
contraire L'objet de tout l'effort de recherche. Une substance quasiment pure
en est isolée, mais en quantité trop faible encore pour que l'analyse chimique en
puisse être faite.
L'électrophorèse sous ses
diverses formes et les échangeurs basiques forts ont permis d'atteindre
ce résultat.
Un seul tissu végétal a été
utilisé dans cette dernière étape : le tissu de moelle de Tabac.
Les réactions physiologiques de
ce tissu vis-à-vis des substances de croissance sont relativement
spécifiques. Grâce à cela il a été possible de discerner à quelle
catégorie de corps la substance isolée devait appartenir.
D'autre part, les réactions
colorées et l'analyse spectrophotométrique dans l'ultra-violet sont en accord
avec ce qui peut être déduit des réactions physiologiques de la moelle de Tabac.
Trois groupes
différents de substances de croissance existent dans le lait de Maïs, d'où elles
ont été isolées à l'aide d'échangeurs d'ions mélangés. Ceci est acquis
définitivement.
Le groupe
basique peut lui-même être scindé en deux : un groupe comprenant les amphotères
à tendance acide, qui manifeste une activité sur le test mésocotyle de NITSCH, et un
groupe comprenant les amphotères basiques et les bases organiques,
particulièrement les purines, qui stimule, en présence d'auxine, la division cellulaire de
la moelle de Tabac. De ce dernier groupe a été isolée une substance
non encore caractérisée, qui peut être classée avec certitude dans
une catégorie de purines très voisine de l'adénine.
L'étude
systématique des groupes acide et neutre n'ayant pas été poursuivie, les
propriétés physiques et chimiques de leurs constituants ne sont pas encore
connues.
Cependant il
est possible de dire que les constituants actifs du groupe neutre dialysent et
sont solubles dans l'alcool à 50%.
Il n'est
surtout question ici que de la purine active isolée du lait de Maïs.
— Au cours de
dialyse, cette substance traverse les membranes.
— Elle est
soluble dans l'éthanol à 90% et insoluble dansl'éther.
— Elle donne
dans l'U.V. un spectre d'absorption qui est caractéristique des purines, et très
proche de celui de l'adénine.
— Substance
basique, elle est très fortement retenue par les échangeurs de cations et son
élution est longue. Par contre, en solution alcoolique à 50%, elle n'est
pas fixée par les échangeurs basiques forts, type Dowex 2, contrairement aux
amphotères.
— En
électrophorèse plane, elle se déplace peu par rapport aux bases
organiques comme l'histidine ou l'arginine.
— Avec les sels
d'argent, en présence de bleu de bromophénol, ou avec les sels de mercure, elle
donne des complexes comme les bases nucléiques.
— Grâce à ces
réactions caractéristiques, sa présence peut être révélée sur les bandes
d'électrophorèse.
Outre son
absorption dans l'U.V., elle émet une fluorescence qui permet
également de la repérer dans le cas d'électrophorèse sur amidon.
Voici d'abord
un aperçu très bref de l'activité des groupes acide et neutre isolés du lait
de Maïs.
Activité de la fraction acide.
Le groupe
acide n'a pas été étudié en détail au cours de cette recherche. Il contient les
auxines acides, et d'autres substances non déterminées, actives sur le test
mésocotyle de NITSCH.
Activité de la fraction neutre.
La fraction neutre agit sur l'élongation du test,
mésocotyle de NITSCH et
stimule la division cellulaire de la moelle de Tabac. Son action sur
ce point est plus rapide que celle de la «purine active» isolée de la fraction
basique, mais elle ne provoque jamais de formation de bourgeons ni de
racines.
Activité de la « purine active » du
lait de Maïs.
Cette substance
active est non seulement inductrice de division cellulaire dans les tissus
incapables de proliférer par eux-mêmes, mais peut encore provoquer l'apparition
de bourgeons sur de tels tissus (moelle de Tabac). Ces bourgeons repiqués en
serre ont
donné des plantes adultes et des graines fertiles.
Cette propriété
qu'elle a de favoriser la division cellulaire de tissus qui en ont perdu la
possibilité, est peut-être due au fait que sa constitution chimique serait
proche de celle de certaines bases nucléiques. Ceci permettrait son intégration
relativement rapide dans la synthèse de molécules d'acides nucléiques, et
ainsi pourrait
déclencher le processus de la multiplication de la masse d'acide
nucléique, et par suite celle des noyaux.
Son action sur
la moelle de Tabac ne se manifeste qu'en présence d'auxine, mais sur des
fragments de tige, l'action de ces deux substances est antagoniste. Il ne
se forme ni racine» ni bourgeons, mais un cal.
Au cours de ces
recherches, des dosages d'A.D.N., quoique sommaires, ont permis de mettre en
évidence une action directe de cette
substance sur la synthèse de la masse totale des nucléoprotéines, envisagées
surtout du point de vue acide désoxyribonucléique. Cet effet se manifeste même
dans le cas de concentration limite, au point de vue activité, de cette purine active
isolée de la fraction basique du lait de Maïs.
Au cours de
cette étude, il apparaît que cette substance est plus active sur la division
cellulaire (caryocinèse et cytocinèse) que la kinétine étudiée par MILLER et
ses collaborateurs. Elle provoque également, plus rapidement que la kinétine,
l'apparition de bourgeons sur le tissu de moelle de Tabac cultivé «in vitro».
Il reste à
savoir comment cette « purine active » s'introduit dans le
métabolisme des tissus ; est-ce à la manière d'un élément qui prendrait
place dans un édifice, comme une pierre dans un mur (élément statique) ? Dans ce
cas la croissance liée à la présence de cette substance se ralentirait dès
qu'elle a disparu.
Ou, au
contraire, sa présence facilite-t-elle la synthèse des acides
nucléiques, ou provoque-t-elle la mise en route d'activités catalytiques
spécifiquement orientées vers l'accroissement des nucléoprotéines elles-mêmes ?
Les tissus devraient alors conserver une activité de division cellulaire sur
des milieux d'où cette substance aurait été exclue.
Des tissus de
moelle de Tabac cultivés d'abord sur du lait de Maïs ou sur la «purine active»,
et repiqués sur des milieux sans lait de Maïs, avec ou sans auxines, ont
manifesté une activité propre de division cellulaire qui s'est poursuivie pendant
au moins deux repiquages. Sur le milieu sans auxine la croissance des
tissus< a été limitée, mais des ébauches de bourgeons sont apparues.
Ces faits
seraient plutôt en faveur de l'action dynamique de la «purine
active», mais cette hypothèse nécessite une confirmation qui ne pourra être
obtenue qu'avec de nouvelles recherches.
Mots clefs : tissu /
substance / maïs / lait / croissance / acide / activité / tabac / purine / basique / végétal /
technique / recherche / moelle / culture / cellulaire / auxine / test / fraction / bourgeon /
action / nucléique / fractionnement / constituant / substance / réaction / propriété /
électrophorèse / analyse / UV / stimulation / racine / physique / physiologique / organe /
mésocotyle / ions / essai / dialyse / complexe / amphotère / topinambour / sel / procédé /
beauchesne / chouard
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